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jeudi 28 janvier 2010

Les tissus les plus fréquemment cousus par les couturiers africains sont le basin et le wax


Le mot basin vient de bombasin lui-même dérivé de l’italien bambagia (coton et bombyx). Avant qu’elle ne soit fabriquée en France et en Italie, les marchands italiens se sont procurés cette très belle soie damassée à Damas en Syrie. Les tisserands allemands et irlandais apprirent également la technique du damas et utilisèrent d’autres matières, le lin et le coton. En anglais damask, en allemand damast rappelle bien aussi l’origine d’Orient. En Afrique anglophone, le commerce du damas se dit African brocade qui rappelle le mot italien broccare qui signifie brocher : tisser en formant sur le fond un dessin en relief. Au tout début des années 1800, le français J.M. Jacquard inventa un métier à tisser qui à la différence de ceux jusque là utilisés - ne pouvaient déplacer les fils de chaîne qu’en groupe - permet de diriger la navette au moyen de cartes perforées contrôlant ainsi chaque fil de chaîne. Tombé dans l’oubli certainement à cause de son prix élevé, ce tissu appelé damas a été très utilisé comme linge de maison dans les familles bourgeoises européennes de la fin 19ème et début 20ème siècle. Le damas est tissé avec des fils fins obtenus à partir des meilleures qualités de coton non blanchi. Après avoir été blanchi dans un bain d’alcali, le tissu sera plongé dans un autre bain de soude caustique pour redonner aux fibres creuses du coton tout leur gonflant naturel. Il est ensuite lissé à haute pression et haute température par des cylindres et apprêté à la cire, ce qui lui donnera son éclat de soie et le craquant très apprécié des élégantes africaines. Le damas le plus demandé est le blanc, bien qu’il en existe des teints. Le tissage européen du damas au finissage compliqué est appelé basin riche ou bazin en Afrique francophone. Les meilleures qualités de ce tissu sont toujours fabriquées en Europe et très appréciées en Afrique Occidentale, où elles sont aujourd’hui fort utilisées dans la confection des vêtements. Dès 1980, le damas chinois de qualité inférieure est apparu sur les marchés d’Afrique Occidentale. Le "vrai" damas est devenu un produit de luxe alors que le damas chinois autorise le port du boubou en bazin à tous ceux qui ne pouvaient pas jusque là se l’offrir. 


Pour les occidentaux le wax est synonyme d’Afrique, les africains eux-mêmes le revendiquent. Inspiré du batik indonésien, le wax est fabriqué en Europe. Au début du 19ème siècle, l’Indonésie conquise par les Hollandais devient un centre d’échanges économiques important. Afin de satisfaire les goûts vestimentaires des populations locales, les Hollandais industrialisent la technique du batik à la cire de Java. Ces étoffes eurent beaucoup de succès auprès de la population indonésienne jusque vers la fin du 19ème siècle, période à laquelle les artisans locaux mécanisèrent leur fabrication de batiks. A la recherche de nouveaux marchés, les usines néerlandaises se tournèrent vers l’Afrique. Le succès de cette fabrication industrielle a incité d’autres pays à fabriquer des batiks imprimés. La Suisse et Italie n’ont pas persévéré, la France a produit dans la région de Mulhouse (groupe Schaeffer) jusque dans les années 1970. Des usines anglaises qui déjà utilisaient la teinte indigo dans la fabrication de leurs étoffes vont l’introduire comme une variante supplémentaire. Les productions des usines Vlisco et ABC ont su conquérir le marché africain en s’adaptant à ses exigences, comme par exemple les dimensions de l’étoffe (taille initiale 36 pouces : 91,5 cm ; taille actuelle standard 48 pouces : 122cm) qui est celle traditionnelle d’un pagne et commercialisation des longueurs 12 yards de long vendu en lot de 6 yards et même au détail 2 yards, et en créant des motifs spécialement destinés aux populations africaines, conformes à leur goût et à leur culture. Il existe une production africaine de wax faite dans des usines de textiles implantées par les grands groupes européens dans des pays de l’Afrique de l’Ouest. Depuis l’indépendance, quelques usines se développent et continuent à bien produire, beaucoup ont connu de graves difficultés et certaines ont même définitivement disparu. A l’heure de la mondialisation, l’Asie concurrence la production africaine de wax en proposant des étoffes de piètre qualité à des prix imbattables. On distingue ainsi plusieurs qualités de wax : super wax, wax block, wax print, uniwax, imiwax… Le wax n’est pas forcément choisi pour sa qualité, mais plutôt pour le motif représenté, ce qu’il suppose et aussi sa destination.
Bonne lecture et à une prochaine rencontre SBA